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lundi 5 avril 2010

La maison de retraite

Chaque jour de la semaine dernière a été partagé avec ma mère et les autres pensionnaires de la maison de retraite. Des cheveux gris, des cheveux blancs selon les nuances. En les regardant je me disais "Que de livres de vie ici regroupés". Une trentaine chez les dépendants dont fait partie ma mère. Sa joie de me voir pouvait faire des jaloux. A un moment elle m'a confié un peu de son passé tout en éclairant le mien. J'ai mieux compris ses faiblesses et mes souffrances d'enfant. Les mères par instant prononcent des mots durs inconsciemment mais oh combien douloureux pour l'enfant qui les reçoit comme un désamour. Nous sommes, parfois, le reflet de leur propre manque. Il a fallu ses 88 ans et mes 67 ans pour éclairer ces pénombres en nos âmes sensibles.

Le gâteau ci-dessus a été confectionné en l'honneur des anniversaires du mois. Une bien jolie attention. Quelques gouttes de mousseux mettaient des étoiles dans le regard souvent neutre de ces hommes et femmes usés par le temps. J'ai souvent pensé à la chanson de Jacques Brel. Que de fois ils jettent un regard sur la pendule. C'est le moment de déjeuner, de goûter, d'aller se coucher, un peu d'animation entre les deux, seules les visites sont leurs apparitions surprises précieuses parce que rares pour la majorité.

Les visages sont les plaques sensibles des âmes - ce sur quoi, après ce qu'il aura fallu de temps et d'obscurité, elles se révèlent. Christian Bobin

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