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mercredi 9 février 2011

Témoignage de Georges Brassens

Toi, mon père     

p. 266 et photo de Brassens, père et fils, en 1938 p. 267

Du fait qu'un couple de fieffés
Minables a pris le café
Du pauvre, on naît et nous voilà
Contraints d'estimer ces gens-là.
Parc'qu'un minus de cinq à sept
Chevauche une pauvre mazette
Qui resta froide, sortit du
Néant un qui n'aurait pas dû.

Ce n'est pas tout d'être mon père,
Il faut aussi me plaire.
Etr' mon fils ce n'est pas tout
Il faut me plaire itou.
Trouver son père sympathique,
C'est pas automatique.
Avoir un fils qui nous agrée,
Ce n'est pas assuré.

Quand on s'avise de venir
Sur terre, il faut se prémunir
Contre la tentation facile
D'être un rejeton imbécile.
Ne pas mettre au monde un connard,
C'est malcommode et c'est un art
Que ne pratique pas souvent
La majorité des vivants.

L'enfant naturel, l'orphelin
Est malheureux et je le plains,
Mais, du moins, il n'est pas tenu
Au respect d'un père inconnu.
Jésus, lui, fut plus avisé,
Et plutôt que de s'exposer
A prendre un crétin pour papa,
Il aima mieux n'en avoir pas.

C'est pas un compte personnel
Que je règle; mon paternel,
Brave vieux, me plaisait beaucoup,
Etait tout à fait à mon goût.
Quant à moi, qui malgré des tas
de galipettes de fada,
N'ai point engendré de petits,
J'n'ai pas pu faire d'abrutis.

Gorges Brassens, 1982

2 commentaires:

  1. ce brave vieux Brassens!! pas moins que P.Perret et autre visionnaire des misères cachées je viens les saluer chez toi ...moi qui peine à tenir le fil d'être encore là ...je viens te dire merci d'être venue passer chez moi... au gré ou au fil des jours

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  2. Un grand et chaleureux merci Micheline. Bon rétablissement surtout.

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