traduit du norvégien par Simone Manceau, Bibbi Leeparu en octobre 2010.
Une vie racontée en une nuit, incroyable ! Surtout par une inconnue remarquée dans une gare par un homme traversant un jour vide. Posté dans cette gare sans savoir pourquoi.
De ces deux êtres solitaires l'un a envie de se confier, de vider son sac, l'autre d'entrer en communication, de sentir une chaleur humaine auprès de lui.
Elle avec un trop plein de douleur, d'émotions, d'amours sans issues, de misère, le coeur gros d'injustice, elle va peu à peu, sous l'effet de l'alcool, déverser en mots ses prises de vie embobinées au fond de son âme.
Fille d'ouvrier, travailleuse à la mine, son enfance n'a été qu'un spectacle sordide dans une petite ville où chaque habitant subit sa vie sans avoir rien à espérer. "C'est l'environnement qui fait le caractère; Dans une grande ville , l'environnement est assez varié pour que les gens aient la place d'être différents les uns des autres. Alors que dans une si petite ville... Oh!" Et puis vient un homme dont elle pensera qu'il peut lui apporter le bonheur. Son professeur. C'est le rayonnement partout dans son être. Admirative, impressionnée par sa gentillesse, son savoir, il la prendra comme on cueille une pâquerette au printemps. Victime. Elle deviendra prisonnière à jamais de cet amour sorti de la réalité et va en supporter toutes les conséquences dans une solitude désolante. Attentes, avortements, refus, manipulations du séducteur avec entractes idylliques qui lui édulcoreront son existence. Autour d'elle, les hommes meurent de la silicose, et les femmes à la tâche ou suite aux grossesses répétées. "Ils échappent à la mort par la faim. Ils échappent à la mort par le froid. D'abord, c'est la joie qui est tuée en eux, puis c'est l'humain, et enfin, le corps".[...] Et moi, moi j'ai découvert trop tard que j'avais fini en prison. Ma propre prison. Et, dans ma prison, il n'y a pas de porte". Tristes destins.
Et puis.. et puis... le parcours de la combattante va se poursuivre, une histoire de jeunes années nous transmettant un certain vertige, blessés par ses mots, cette souffrance sociale qui n'est pas tant hors du temps car le bonheur bafoué, les promesses non tenues, les femmes exploitées, les maladies professionnelles, et l'égoïsme humain triomphant sont encore bien présents.
Très belle écriture, donc aussi bonne traduction. J'ai beaucoup aimé.
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