Un écrivain de la nature

Je suis toujours étonnée de la façon mystérieuse des dons émanant de chaque être humain. Face à un nouveau-né je me pose sans cesse la question "Que fera-t-il plus tard ?" "Que réserve-t-il à la vie ?" Par exemple, l'auteur ANDRÉ BUCHER n'était pas en apparence destiné à devenir écrivain et pourtant il excelle dans le choix des mots, pour nous décrire au mieux ce paysage sauvage de landes et de bois que je connais bien. Celui de la Drôme provençale, de la vallée du Jabron où je me rends de temps à autre. ANDRÉ BUCHER est né en 1946 à Mulhouse. Fils d'un chef de gare qui occupe son temps libre à cultiver des terres, c'est à l'âge de six ans qu'il commence à travailler aux champs. Malgré sa réussite scolaire il opte pour une vie libre et paysanne "Je voulais me nourrir et nourrir les autres" dit-il simplement. "Guère de différence pour moi, entre un homme de terre et un homme de lettres. Mes livres sont comme mes arbres. Je sais que je ne verrai pas tout pousser mais il faut que cela se fasse". (extrait de l'article de X. Houssin)

Je viens de terminer la lecture du roman "Le pays qui vient de loin"

Je cite :

"Aussi Samuel aimait vivre parmi ces bois, suivre le mouvement des bêtes et, souvent, j'étais de la partie. Au printemps, on voyait les biches entrer dans l'eau avec de jolies précautions - un peu des jeunes filles lors d'une première idylle -, à l'inverse, les cerfs se révélaient plus brutaux. Ils s'immergeaient, provoquant de grandes éclaboussures de leur poitrail et quelquefois, avant le brame, ils fouettaient l'air de leurs bois. Nous nous tenions en retrait, savourant ce moment de pur plaisir et les eaux turquoise se drapaient dans le crépuscule des ombres nerveuses des cervidés. Seul le bruit des pattes, ventres, croupes et des ramures, attestait de leur présence à la surface endormie du lac." (Edts Sabine Wespieser, p. 99).

Un livre bouleversant de sincérité, un champ d'amour pour les êtres et la nature, un ravissement visuel et quasi sonore.